AFCOL : Un pont vers la langue arabe et la civilisation orientale
Actualité publiée
le 13 février 2019
Ils sont entre 70 et 80 élèves chaque année à initier ou poursuivre leurs études de la langue arabe littéraire au Laü, grâce au programme imaginé et mis en place par l’Association Française de Culture Orientale ou Loisirs, ou AFCOL. Créée en 2013 par 3 amis, l’association traduit et met en forme un projet global : dissocier les champs culturel et cultuel pour l’apprentissage de cette langue et ainsi ouvrir cet enseignement au public le plus large possible. Réparti sur six niveaux correspondant à autant de « classes », l’enseignement proposé a été longuement mûri, amélioré et affiné au fil des ans et des retours d’expérience et propose une courbe d’apprentissage pensée dans son ensemble, à l’image d’un véritable cursus scolaire. Avec une pédagogie aussi rigoureuse qu’innovante, ce cursus se veut accessible à tout un chacun, qu’il soit ou non arabophone et ouvre ainsi une porte sur l’ensemble de l’héritage littéraire et culturel des civilisations orientales et de leur riche histoire.
L’Arabe littéraire ou littéral : compiler et codifier les oralités.
« Auparavant il était indispensable de se rendre dans une mosquée pour étudier la langue arabe, du moins sur Pau » explique Tarik Ahmed Laaziz, l’un des fondateurs de l’Afcol. Ceci est sans doute lié à la genèse même de la langue. A l’instar de l’allemand moderne, créée en grande partie par Luther à partir des dialectes germains en vue de vulgariser la bible pour le « petit peuple », l’arabe littéraire est aussi une création « artificielle », née du mélange des différents dialectes arabes, afin de rendre accessible le Coran à tous les musulmans, et de « figer » ce dernier dans sa forme. Raison historique pour laquelle l’arabe littéraire, voit souvent son apprentissage être dispensé dans un cadre religieux. « Nous voulions penser la langue comme un partage, la base d’une culture que nous voulions ouverte à tous, aux gens de toutes nationalités et de toutes confessions ou spiritualités, athées y compris. La langue, c’est la source d’une culture qu’elle met en forme, c’est donc la porte d’entrée la plus pertinente pour appréhender cet héritage avec notamment la découverte de sa littérature » explique Tarik.
Une pédagogie pensée pour tous
« Notre pédagogie s’inspire de celle des autres langues mais, ayant conscience que l’apprentissage d’une langue sémite et non latine représente une difficulté supplémentaire pour le « profane », notre première année s’apparente à une initiation, une familiarisation avec les principaux vocables, les règles grammaticales fondamentales et celles de prononciation, avec par exemple des leçons dédiées à la « phonétisation » des voyelles (lesquelles prononcer et lesquelles accentuer, c’est ce qu’on appelle le « diachrétisme) ». Pour ce faire, nous recourons à des images associées à une banque de mots « basiques », de ceux qu’on utilise le plus au quotidien. Dans un deuxième temps nous étudions plus en profondeur les règles d’écriture, la syntaxe et la grammaire. De fait le cours s’adresse aussi à ceux qui parlent déjà l’un des nombreux dialectes arabes existants. L’Arabe littéral est codifié depuis 1600 ans et regroupe plus de 100 dialectes dont il fait la synthèse, un travail colossal. Bien que souvent proches, ces dialectes diffèrent aussi sur de nombreux points et sont avant tout inscrits dans l’oralité. Pour ceux de nos élèves qui parlent déjà ces dialectes, l’apprentissage consiste donc autant à apprendre qu’à désapprendre de nombreuses différences existant entre leur arabe, essentiellement oral, et le littéraire. C’est aussi pour cela que l’initiation que nous proposons, pensée pour les non arabophones, reste aussi pertinente pour eux, précisément parce qu’elle repart de la base. Ce sont des cours d’1h30 où le nombre d’élèves est limité, entre 6 et 12, ce qui rend l’enseignement qualitatif et permet de suivre presque individuellement la progression de chacun d’eux. Cinq enseignants sont engagés à nos côtés, ce qui permet aux cours de tous niveaux d’être très réguliers et suivis avec attention. De plus, c’est aussi une méthodologie, une rigueur que nous transmettons ici ce qui bénéficie donc aux élèves les plus jeunes dans toute leur scolarité. Notre pédagogie est entièrement transférable à l’apprentissage d’autres langues, voire d’autres disciplines, avec un suivi visible sur un cahier ordonné et ordonnant, puisqu’il témoigne de toute une « gymnastique d’esprit ». D’ailleurs, nous proposons aussi aux familles une aide à la scolarisation de leur enfant, avec des temps dédiés au soutien, pour bien comprendre le cadre scolaire et ses attendus. »
L’Héritage de la rencontre
« Le Laü, c’est avant tout un endroit de rencontre, de vivre ensemble, l’AFCOL y a donc toute sa place selon moi confie Tarik, car elle peut être vue comme un pont entre les cultures, que l’on emprunte dans un sens comme dans l’autre ».
Les civilisations occidentales et orientales sont en effet étroitement liées dans l’histoire, notamment autour de la méditerranée qui fût un véritable carrefour d’échanges commerciaux mais aussi culturels, au travers desquels les cultures se sont influencées mutuellement, comme en témoigne par exemple le sud de l’Espagne où ce métissage se donne littéralement à voir dans les architectures. D’ailleurs bien que latine, la langue française comporte bien des vocables issus de l’Arabe, et que dire des mathématiques et des sciences directement héritées des savoirs de cette civilisation…
Depuis qu’elle existe, l’AFCOL n’a cessé de se développer et de s’adapter, en formant de nouveaux enseignants. Seulement 5 niveaux d’apprentissage étaient au départ proposés, chacun d’entre eux suivent un programme dédié, pensé en continuité avec les autres. Pour répondre à la forte demande d’inscription, témoignant de la qualité de l’enseignement, un sixième niveau a été récemment ajouté et vient compléter le cursus proposé. Au-delà de l’apprentissage linguistique, c’est avant tout un pont que vous propose d’emprunter l’association que vous soyez, ou non, familier avec la langue d’Averroès, et quel que soit votre âge, il ne tient qu’à vous de le franchir.