CAPOEIRA : une école de vie, avec « Àgua de coco », la capoeira au Laü.
Actualité publiée
le 07 février 2020
A la croisée de la danse, des arts martiaux, de la musique (tant instrumentale que vocale ou rythmique) ou encore de l’acrobatie, la capoeira est une discipline « métisse », riche des différentes cultures qui l’ont engendrée. Fondée dans la clandestinité au Brésil par les esclaves africains sous le joug des colons portugais, la capoeira est le fruit d’un remarquable subterfuge. Voulant couper court à toute velléité belliqueuse de leurs esclaves et prévenir toute forme de rébellion, les portugais leur interdisaient la pratique d’un art martial. Pour passer inaperçus aux yeux de leurs oppresseurs, ces derniers dissimulèrent donc leur entraînement guerrier derrière des mouvements de danse rituelle, accompagnée de rythmes et musiques traditionnelles et sacrées. C’est cette origine qui confère à la capoeira son identité si singulière, riche des apports sportifs, artistiques, culturels et martiaux dont elle est le fruit et qui rend cette dernière inclassable dans les catégories sportives usuelles.
La capoeira, Bruno SAINSON l’a découverte, alors qu’il cherchait à reprendre le sport tout en étant lassé de certains de ses écueils : « je n’avais plus envie de verser dans la compétition ou son esprit et la salle de sport n’était vraiment pas faite pour moi, il y manque un sens à mon goût. Je suis par hasard tombé sur un reportage présentant la capoeira qui m’a beaucoup marqué et j’ai tout de suite été séduit par ce que la discipline offrait. » C’est à Montpellier, auprès du grand « mestre » brésilien SORRISO, l’un des pionniers de la capoeira et son représentant le plus connu en France, que Bruno apprend et perfectionne sa pratique (au sein du renommé groupe Senzala ) durant une année, avant de poursuivre sa formation avec mestre STING, lui-même ancien élève de mestre SORRISO. Du groupe Senzala que ce dernier a créé au Brésil avec mestre BIMBA, 11 mestres ont émergés et enseignent aujourd’hui dans le monde entier, chacun avec ses spécificités et ses approches personnelles, répartis dans les 3 grandes familles de la capoeira : « l’Angola », « la régionale » et la « contemporaine ».
Après l’avoir étudiée, Bruno s’est lancé le défi de partager sa passion et la transmettre à son tour à de nouveaux capoeiristes en herbe. Il crée ainsi en 2018 le groupe « Àgua de coco » au Laü, clin d’œil à une boisson très populaire au Brésil, et « Coco » son « apelido » (surnom que les capoeiristes adoptent dans le cadre de leur pratique). « Le premier des défis en tant que professeur c’est de briser certaines idées reçues au sujet de la capoeira et de l’enseigner dans ce qu’elle est. Par exemple, on ne peut la réduire à un simple art martial, les autres dimensions qui la composent sont toutes aussi importantes et font partie intégrante de l’apprentissage. Musique, chant et jeux (on ne combat pas en capoeira, on joue) sont indissociables dans cet art et doivent être travaillés et appréhendés ensemble. Il y a aussi une dimension rituélique qui donne du sens aux chants, aux postures et aux séquences d’une séance et il est important de comprendre les fondements de ces apports culturels et historiques. La capoeira ne vient pas de nulle part elle a des racines profondes. L’un des autres éléments essentiels à enseigner c’est l’absence d’adversité au sein de la discipline, même dans le cas des « ronda » (les rondes où les capoeiristes entrent deux par deux, l’aspect qui se rapproche le plus d’un combat visuellement parlant, NDLR). On ne s’affronte pas en Capoeira, on joue, ce qui n’est pas du tout la même chose et implique l’idée de plaisir, de confiance et de bienveillance à l’égard, non pas de l’adversaire mais du partenaire. Cela demande de combattre, mais contre nous-mêmes, dans le sens qu’il faut justement aller contre ce qui relève de l’instinct, l’instinct agoniste. Raison pour laquelle je fonde la pédagogie de nos séances sur le plaisir de partager et de créer quelque chose de collectif. Bien que j’adapte mes cours aux niveaux et à la spécificité des élèves présents, j’encourage aussi ces derniers à apprendre les uns des autres. Il est tout aussi important de proposer des rencontres en dehors des séances de capoeira, toujours dans l’idée de renforcer la cohésion du groupe. Il se dégage une véritable énergie lors des séances ou rencontres, une énergie collective qui circule et rapproche chaque individu du groupe, une énergie solidaire qu’il faut aviver pour entretenir cette « communion » ce qui peut être exténuant sur la longueur mais également extrêmement gratifiant pour tout le monde. »
Trois cours sont proposés au public par Bruno, en fonction de leur âge (5-11 ans ; 12-17 ans ; adultes). « Cela demande des approches différentes bien-sûr, mais surtout de s’adapter aux réalités et aléas du moment, de l’implication de chacun, des différences de niveaux. Cela n’est pas chose aisée, je le reconnais mais d’un autre côté cela m’a fait énormément progresser. Pas tant au niveau technique, que mental. Enseigner c’est aussi comprendre qu’il y beaucoup de choses que l’on croit savoir, mais que l’on ne sait pas, cela rend humble et c’est une leçon qui déborde largement le cadre de mes cours, c’est une leçon de vie, qui fait progresser. Ce qui me plaît le plus dans la capoeira, c’est qu’elle est à maints égards à l’image de la vie, imprévisible, singulière voire déroutante mais offrant aussi de précieux moments, des présents qui font mûrir. En capoeira, on rencontre une personne « à nue », telle qu’elle est, avec ses qualités, ses défauts, ses frictions et contradictions, tout comme la vie nous place parfois à des embranchements dont on ne sait l’issue, qui nous poussent à réfléchir et à nous adapter pour progresser. »
Retrouvez Bruno et son club « Àgua de coco » à la M.J.C. du Laü (horaires et tarifs disponibles sur notre plaquette ) et sur leur facebook.
A bientôt au Laü !