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DANSE ORIENTALE AU LAÜ : danser sur les rives du Nil

D’origine libanaise, Katia CARBONEL est tombée amoureuse de la danse orientale dans sa jeunesse. Une véritable passion dont elle fit sa carrière, voyageant entre la France et le Caire où elle fit ses premières armes en tant que danseuse professionnelle. Si son goût pour cette danse ne s’est nullement tari au fil des ans, son mode d’expression a cependant changé : bien qu’elle donne encore quelques prestations aujourd’hui, c’est en tant que professeure que Katia officie désormais, en transmettant son savoir-faire et son goût pour cette danse du levant. C’est en 2006 qu’elle crée son association Nejma, à travers laquelle elle dispense des cours adressés aux enfants comme aux adultes, avec en ligne de mire, la préparation avec les volontaires d’un spectacle en fin d’année sur la scène du Laü qu’elle met en place de A à Z. Une façon de clôturer la saison en couleurs, récompenser le travail de chacun et partager avec le public le plaisir de la danse.

 

Le Caire, mon amour,

C’est auprès d’éminents chorégraphes de la scène égyptienne que Katia s’est initiée aux arcanes de la danse orientale et a développé son talent dans la discipline. Youssef CHARIF, Zaza HASSAN, Tito SEIF ou Rakia HASSAN… autant de grands noms de la danse orientale auprès desquels Katia s’est formée. « J’ai des origines libanaises, mais c’est en Egypte que j’ai passé mon adolescence, un pays qui m’a vue grandir. Plus tard, j’ai dansé dans de nombreux endroits du Caire, notamment des cabarets, c’est une ville que j’affectionne particulièrement tout comme sa culture ». Bien que très représentée dans les villes du pays qui l’a vue naître, la danse orientale est à la fois prisée et mal aimée en Egypte, qui la censure aujourd’hui. « Une grande hypocrisie, déplore Katia, dont personne n’est dupe. C’est d’ailleurs en Egypte que l’on trouve les costumes les plus réussis: broderie, coupes, design, bien qu’officiellement interdits, la facture de ces costumes reste d’une qualité inégalée et incomparable selon Katia qui met un point d’honneur à se procurer les siens là bas. « De grandes marques égyptiennes exportent d’ailleurs leurs confections dans le monde entier, souvent au sein d’enseignes ayant pignon sur les rues les plus achalandées des plus grandes villes du monde ».

 

De danseuse à professeure

« L’enseignement me faisait peur au début, lorsque j’ai endossé la casquette de professeure. Ce n’est pas du tout la même chose de pratiquer une discipline et de la transmettre avec pédagogie. On peut être la meilleure danseuse au monde et la pire des professeures à la fois… J’ai dû apprendre à enseigner « sur le tas », en essayant des choses, en les affinant. Cela remet beaucoup en cause, et on se rend compte qu’on apprend énormément soi-même en apprenant aux autres. En 2009, Zaza HASSAN, l’un de mes maîtres durant mes premiers pas au Caire est venu vivre un moment à Paris. Ce fut l’occasion pour moi de retourner auprès de lui pour assimiler les éléments de pédagogie, notamment sur la respiration, primordiale pour la danse et le travail de la posture. Il m’a notamment appris à aiguiser mon regard pour observer les élèves, comprendre leurs difficultés et proposer des méthodes appropriées pour les aider à progresser sur ces points.

En enseignant, on devient aussi psychologue en quelque sorte, dans la mesure où peut mettre le doigt sur des blocages ou des traumas en observant le langage corporel. Le corps livre beaucoup d’information sur la psyché de chacun. Je me souviens par exemple d’une élève qui éprouvait beaucoup de réticence à être touchée, quand j’essayais de corriger sa posture et qui me confiait par la suite les raisons, personnelles, de cette réticence. On peut ensuite travailler ces points et aider la personne à se réapproprier son corps, notamment par le travail sur le souffle, essentiel en danse. » 

Bien qu’elle donne encore quelques prestations au sein d’évènements privés comme les mariages, Katia est aujourd’hui professeure avant tout, une casquette qu’elle a appris à préférer à celle de danseuse. « Avant tout je transmets mon goût, ma passion, et c’est vraiment gratifiant et stimulant. »

Trois cours sont proposés par Katia et son association Nejma, deux pour les adultes, un pour les enfants. Au sein des groupes adultes, la professeure explore aussi de nouvelles possibilités artistiques. « Bien que férue de danse orientale, j’aime aussi m’émanciper des codes classiques de la discipline, extrêmement normés, pétris de règles à respecter. En m’inspirant aussi d’autres styles de danses, ou d’idées, j’aime à proposer de nouveaux horizons artistiques à mes élèves, de nouvelles façon de libérer l’expression corporelle. Par exemple j’aimerais beaucoup danser en talon aiguille, on verra comment, s’amuse-t-elle. ».

Si ce n’est pas le cas pour les cours enfants, Katia déplore le manque d’homme dans les cours adultes. « C’est vraiment dommage, il y a une vraie place pour les hommes dans la danse orientale, comme la danse de baton (appelée « Saidi ») qui leur est dédiée. Je pense que c’est un blocage culturel chez les adultes. Quand on observe les enfants, on se rend compte qu’il ne pense pas à toutes ces idées préétablies dans nos représentations (comme le fait que la danse c’est pour les femmes), et prennent un plaisir authentique à danser. 

Qu’ils concernent les enfants ou les adultes, les cours de Katia suivent toujours un même schéma. « On commence par des exercices d’échauffement évidemment, ce qui permet aussi de mettre tout le monde dans le bain. On passe ensuite au travail sur un point technique en particulier, par exemple un mouvement précis, qu’on va exécuter au ralenti pour en comprendre les ressorts et la dynamique : on le décortique. Vient ensuite le travail des « variations », c’est-à-dire des enchaînements de mouvements. Les transitions sont extrêmement importantes, ce sont elles qui assure la fluidité des déplacements et donne sa couleur à la chorégraphie. On finit la séance par des étirements. »

 

Le spectacle de fin d’année, point d’orgue du travail collectif.

Chaque année, Katia propose à ses élèves de participer à un spectacle de fin de sain, donné sur la scène du « Forum des Arts » au Laü. Une création qu’elle chorégraphie elle-même et qui servira de fil rouge aux cours dispensés. « Je propose d’habitude trois musiques différentes aux élèves en début de saison pour qu’ils en choisissent une qui servira de support au spectacle. Il s’agit de bien choisir, car c’est une musique qui va rabattre nos oreilles à force de l’écouter ! C’est pourquoi je fais toujours en sorte d’arriver avec une proposition inédite. En écoutant la musique, j’ai déjà une idée de chorégraphie que l’on affinera ensuite, à mesure que l’on travaille dessus. Ce spectacle est très important selon moi car il gratifie le travail de chaque danseuse comme celui du groupe, en collectif. Et puis danser devant un vrai public avec les costumes flamboyants, c’est quand même une belle expérience à partager ! »

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