Ateliers créatifs et artistiques
BONSAÏ : de la discipline à l’art de vivre
Actualité publiée
le 14 novembre 2023
Président depuis 2012 de l’association « le club palois du bonsaï », où il officie désormais en qualité de formateur national, Marc LADAGNOUS a partagé avec nous l’histoire de sa rencontre avec cette passion. Art traditionnel apparu au Japon et aujourd’hui pratiqué sur l’ensemble du globe, le bonsaï se révèle une discipline aussi accessible pour les nouveaux venus qu’exigeante pour ceux qui cherchent à la maîtriser. Parvenir au « bonsaï parfait », une quête d’idéal à laquelle les plus investis se consacrent tout au long de leur existence, développant un véritable « art de vivre » autour de cette passion…
Parce qu’il prend racine dans le temps, le travail du bonsaï ne donne à voir ses résultats qu’au terme de mois, saisons voire années. Sans doute est-ce dans ce rapport à une temporalité qui s’étire que résident les trésors de cette pratique, qui semble offrir bien plus que l’apprentissage d’un savoir-faire à ceux qui s’y investissent pleinement : patience, humilité, capacité d’émerveillement ou persévérance, autant de vertus nécessaires au travail de longue haleine exigé par la nature même de ces arbres, aussi petits que fascinants.
Rencontre avec le bonsaï
Amoureux des montagnes et notamment de leurs sommets, Marc s’adonnait régulièrement à sa passion, l’alpinisme, en tant que guide de haute montagne. C’est au cours de ses ascensions, notamment en croisant toutes sortes de petits arbres poussant en altitude qu’il s’intéresse au bonsaï. « Lorsque j’ai frappé à la porte du club, cela faisait déjà plusieurs années que je m’intéressais aux bonsaïs. J’avais commencé à m’occuper de mes propres arbres en autodidacte, notamment après une rencontre avec un maître de la discipline, qui a su me transmettre le « virus ». Le club du Laü m’a permis de rencontrer d’autres passionnés et ainsi poursuivre mon apprentissage de façon plus ouverte, par le partage de savoir, mais aussi plus formelle, en passant des diplômes reconnus par l’Etat. Aujourd’hui je suis formateur national au sein du club, qui compte 5 autres formateurs (un régional et 4 départementaux) ».
Serrer des mains vertes
« Nous proposons à nos adhérents un atelier tous les 11 jours, le mercredi soir ou le samedi après-midi (alternativement). L’atelier peut être thématique, sur un sujet donné comme le travail autour d’une technique ou d’une espèce en particulier, ou permettre aux participants d’échanger conseils et démonstration avec leurs propres arbres. Ce sont avant tout des moments conviviaux où l’on peut donner à voir son travail (tout comme apprécier celui des autres) et partager notre passion.
Contrairement à d’autres disciplines, l’évaluation du niveau d’un pratiquant repose avant tout sur ses aptitudes pédagogiques, sa capacité à transmettre son savoir aux autres, plus que sur ses « performances botaniques » à proprement parler, bien que ces deux dimensions soient forcément liées. Nos rendez-vous permettent de partager, apprendre ou transmettre des savoirs généraux sur la botanique du bonsaï ou au contraire spécifiques à une espèce en particulier. Un aspect qui en dit long sur la forte dimension de partage qui imprègne les ateliers de bonsaï.
Bien que fondés sur le simple plaisir de magnifier nos bonsaïs, les ateliers proposent également de participer à différentes compétitions, de la rencontre départementale aux concours internationaux. Il y a tout un tas de codes, dont toute la difficulté consiste à en comprendre les subtilités, qui régissent ces expositions compétitives. En fonction de son espèce, on travaillera différemment sur notre bonsaï. Choix du pot, décoration, lumière, installation, autant de critères tout aussi importants que le travail botanique réalisé en amont. Tout l’enjeu de ces rencontres consiste à magnifier son arbre le plus possible en jouant sur ces codes pour mettre en lumière ses atouts.
Beaucoup des membres du club (dont le nombre oscille en 20 et 25 selon les années) ont une belle collection personnelle avec des bonsaïs qui ont remporté des prix. Cela dit, notre club est ouvert et surtout accessible à tout le monde, même aux néophytes. Il est aussi facile de débuter dans la discipline qu’il est difficile de la maîtriser complètement, c’est toute la beauté de cet art, on ne cesse de s’y perfectionner et d’y apprendre des choses, que ce soit par les échanges avec d’autres passionnés ou par l’expérience. J’ai un ami de 85 ans, féru de bonsaï depuis de nombreuses années qui me confiait récemment apprendre encore des choses essentielles.
L’art de vivre « bonsaï ».
Au-delà de la discipline en elle-même et des progrès que l’on peut y faire, le travail du bonsaï s’effectue dans une temporalité qui lui est propre, et qui par définition s’étire dans le temps. « On travaille à la vitesse de l’arbre, sur un temps long, qui s’étire au fil des saisons, précise Marc, il ne vaut mieux pas être pressé de nature ! C’est précisément ce rapport au temps long qui apporte une bouffée de fraîcheur, par opposition à la frénésie des temps moderne. Philosophiquement, on penche du côté oriental, « Zen » dans ce rapport au temps et au monde qu’installe le travail du bonsaï. Par petite touche, avec patience et humilité on cherche une forme de perfection, vers laquelle on tend, se rapproche tout du long sans jamais pouvoir l’atteindre pleinement. Il y a quelque chose de très apaisant et enrichissant dans cette posture, dont l’imprégnation sur notre façon de vivre déborde largement le seul cadre du travail botanique. »
Une passion apaisée, dont on parfait les aspects tout au long d’une vie, nourrie du plaisir d’en partager le goût avec d’autres mordus de la pratique, c’est ce que vous offre le club du bonsaï palois au Laü, pour peu que vous preniez goût à cet art ancestral. Ouvert à tous, les ateliers vous ouvrent leurs portes tout au long de l’année, à vous d’en franchir le pas !