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YOGA : de soi à l’autre, l’art de relier

Ni un sport, ni l’expression ou le prolongement d’une spiritualité, le Yoga s’apparente bien plus à un art, celui de se relier à son propre corps, son esprit, son « soi » en somme et par extension se relier aux autres. Une vision partagée du yoga par Claude, Marielle et Rose, professeurs de la discipline au sein du Laü.

Avant de l’enseigner, tous trois ont suivi les cours de cette activité au Laü (même si tous n’étaient pas forcément néophytes en la matière). Un parcours similaire, entre apprentissage et transmission, qui les lie et renforce la solidarité de leur collectif, autant pédagogiquement (ils sont élèves de la même école de yoga) que dans l’esprit instauré au sein de leurs cours, fondé sur l’empathie, le plaisir d’apprendre ensemble et l’envie d’aller vers l’autre, au-delà des barrières d’âge ou de provenance sociale.

Un parcours associatif qui illustre l’une des principales intentions de notre intervention associative : permettre aux adhérents suivant une activité de s’y investir plus avant, notamment en passant de la place d’apprenant à celle d’enseignant bénévole…

 
Le yoga, une discipline à découvrir
 

Bien qu’ils ne soient pas forcément dépréciatifs, les préjugés à propos du yoga sont malheureusement très présents dans les représentations communes, et donnent une image profondément erronée de cette discipline ainsi que le déplore Claude, l’un des 3 professeurs de cette activité. « Le yoga n’est ni un sport, ni relié à quelque spiritualité que ce soit ! explique-t-il, c’est un art, au même titre que la danse par exemple. L’art de se relier à soi-même avant tout, puisque chaque séance, qu’elle soit individuelle ou collective, est une expérience que l’on vit avec et dans son corps. L’art de se relier aux autres aussi : puisque lorsqu’on se connaît mieux, on est plus à même d’interagir avec le reste du monde ». « C’est une discipline d’Unification du Corps et de l’Esprit qui vise à la circulation de l’Énergie subtile dans le corps », précise Rose qui s’attarde sur la notion de cheminement, « un chemin vers soi, un état d’esprit, une voie d’épanouissement sur le plan physique, mental et spirituel ». Et Marielle de souligner « l’harmonisation du corps et de l’esprit » que vise cette « discipline athée », par une pratique corporelle amenant à la conscience du corps, et une posture philosophique du « détachement et du lâcher-prise » grâce à la respiration guidée et consciente.

Sans doute est-ce le point le plus important à comprendre pour qui veut appréhender la nature profonde du Yoga. A l’inverse de notre culture occidentale qui observe une forte dichotomie entre le corps et l’esprit, et à l’image des médecines, philosophies ou spiritualités orientales qui au contraire, tendent à appréhender ces deux entités comme les deux parties inséparables d’un tout, le yoga vise à la conscientisation de cette relation. C’est une « Discipline d’unification du Corps et de l’Esprit» résume Rose.

« Dans notre pratique occidentale, c’est aussi se retrouver, avec ses limites et ses possibles, éveiller son corps, le redécouvrir dans chaque chaîne musculaire, dans chaque articulation, réapprendre le souffle, la conscience, le moment présent » explique Claude.

 

Une discipline aux nombreuses vertus

Parce qu’elle se fonde précisément sur le rapport entre le corps et l’esprit, et qu’elle implique donc un travail sur ces deux aspects, la pratique du yoga est source de bienfaits aussi bien physiques que psychologiques.

Cela se traduit d’abord par l’apaisement, le temps d’une séance, « un moment de sérénité, de repos, une pause où l’on se retrouve dans son corps en pleine conscience. Le corps devient plus souple, plus ancré dans le présent et le mental s’en retrouve apaisé, les émotions ne sont plus bloquées, ce qui offre une stabilité dans un univers qui, lui, est toujours en mouvement » explique Marielle. Rose insiste quant à elle sur l’amélioration de la santé que prodigue la pratique : « le Yoga concourt activement à résoudre certains problèmes engendrés par le stress de la vie moderne. A ce titre, c’est un recours précieux pour conserver la santé physique et mentale ». Pour Claude, « ce peut aussi être un outil pour traverser une période difficile de sa vie dans de meilleures conditions ».

 

Se réaliser et s’épanouir par le bénévolat

Claude, Marielle et Rose ont tous les trois été accompagnés par le Laü dans leur projet d’enseignement de la discipline. Même s’ils n’ont pas tous découvert la discipline dans notre M.J.C., c’est ici qu’ils ont franchi le pas de l’enseignement. Après lui avoir confié son souhait d’arrêter ses cours, la professeur de Rose lui proposa de la remplacer à cette place : « Je n’avais jamais envisagé cette perspective… Même si de temps en temps j’avais remplacé les professeurs absents. Ma prise de décision n’a pas été longue : « Le Yoga m’a tellement apporté, si je peux apporter aux autres, c’est OK !. Cela a déclenché mon souhait de TRANSMETTRE ». L’une des visées de l’Education Populaire est de permettre à tout un chacun, s’il en manifeste le désir, de s’investir dans une activité, jusqu’à potentiellement l’enseigner. Pour ce faire, l’idée est de faire confiance à la personne, de lui permettre de s’essayer à l’enseignement et de l’accompagner dans son envie de se former plus avant si elle le désire, en échange de son bénévolat. Une façon de promouvoir l’épanouissement citoyen à travers la mise en situation, la confiance accordée, le vivre ensemble, et l’échange avec les autres. Claude, Marielle et Rose ont tout trois été aidés financièrement par le Laü dans leur projet de formation, et ont ainsi pu développer et améliorer leur pédagogie au fil de leur cours. Tous ont suivi les cours de la même école de Yoga, dispensée par Maître Babacar KHANE de l’I.I.Y. (Institut International de Yoga), ce qui ne les pas empêchés de compléter cette formation par d’autres expériences, stages et autres conventions sur le sujet.

« L’enseignement comporte le « hatha yoga », mais aussi un yoga irano-égyptien très axé sur la colonne vertébrale, le chi kong et des styles internes du kung fu (pas l’art martial, mais la pratique ancestrale d’entretien physique, un excellent moyen de contrer le vieillissement au passage). Babacar est toujours rayonnant et en pleine forme à 84 ans, ce qui permet de recevoir encore son enseignement aujourd’hui. Sa pédagogie et son humilité sont rares dans ce milieu » nous explique Claude. Et Rose de préciser : « il a adapté l’Enseignement du Yoga à l’homme d’aujourd’hui et réalisé une synthèse unique entre  ces trois formes de Yoga Raja-Yoga de l’Inde, le Yoga Chinois et le Yoga de l’Egypte antique. Il a développé des techniques de Yoga efficaces dans la prévention de nombreuses pathologies : rhumatismes, suites de fractures, tendinites, sciatiques, lombalgies, dorsalgies, dépressions nerveuses, anxiété, insomnie, maux d’estomac, etc… ». Quatre années de formation (à raison d’un W.E par mois et d’une semaine d’immersion), au cours desquelles est abordé le yoga sous bien des angles, afin de pouvoir comprendre le cœur de cet art, et transmettre tout ce qu’il a à offrir. « La première année est dédiée à l’anatomie, la deuxième à la nutrition, la troisième à la philosophie hindouiste et la dernière, la pédagogie » ainsi que le précise Marielle. Une pédagogie fondamentale pour transmettre et permettre aux élèves d’appréhender le yoga sous tous ses angles.

Une pédagogie partagée, fondée sur la bienveillance 

Les trois professeurs partagent leur approche pédagogique et placent les élèves et leur état moral ou de santé du moment au centre de leur attention. « Chacun doit pratiquer en fonction de « Sa réponse du Jour » explique Rose, c’est-à-dire de ce que le yoga fait résonner en eux au moment de la séance. Cette approche implique une grande adaptabilité du contenu et de la méthodologie choisie par les enseignants.

 « J’adapte mes cours au public présent, donc le niveau est défini par chacun, suivant sa propre forme du moment. Il s’agit de ressentir et vivre le moment présent, dans une perspective de bienveillance vis-à-vis des autres et de soi- même. Des principes que l’on apprend en les appliquant lors de chaque séance, c’est ça l’école du yoga ! » s’enthousiasme Marielle.
Claude partage cette approche : « mes cours varient selon les saisons, plus toniques en hiver, plus dans le lâcher-prise à la belle saison. J’essaie de percevoir l’ambiance du groupe, de m’adapter aux demandes individuelles (l’un arrive avec une blessure à l’épaule, l’autre avec une lombalgie ou un genou qui « crie », il est nécessaire d’en tenir compte !). Sinon je fais visiter un grand nombre de postures au fil des cours, on travaille en dynamique en début d’année pour progressivement tenir les postures. Il s’agit de s’approcher petit à petit autant que possible de ce qu’énonçait Patanjali : « la posture est stable et confortable ». Je vise également l’autonomie des participants, afin qu’ils puissent pratiquer seuls chez eux en toute sécurité s’ils le souhaitent ».

 

Tous insistent sur la bienveillance instaurée lors de ces cours, une condition nécessaire à la juste pratique du yoga, sine qua non si l’on veut en récolter tous les fruits. Un état de fait qui crée une réelle solidarité au sein des groupes et permet des rapprochements aussi rares que bienvenus ainsi que le souligne Claude : « le public est de tous âges, de 16 ans à 80 ans, et provient de tous les horizons socio-culturels imaginables. Il est rare d’avoir une activité qui offre cela à l’âge adulte. Les professeurs se remplacent les uns les autres en cas de besoin, les élèves enseignent à leur tour au fil du temps, c’est ce que j’ai toujours connu à la MJC. Il y a transmission des savoirs et une réelle bonne ambiance dans les groupes. Certaines personnes se fréquentent d’ailleurs en dehors des cours, ce qui témoigne de ce plaisir né du partage. »

 

 

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