Atelier de musique des Chamois Pyrénéens, la musique du cœur
Actualité publiée
le 29 mars 2019
Créé en 1977 par José SANCHEZ et présent au Laü alors qu’on l’appelait encore « M.J.C. Fouchet Dufau », « l’atelier de musique » des Chamois Pyrénéens est une invitation adressée aux personnes présentant une déficience intellectuelle : participer à un orchestre d’envergure animé par des musiciens professionnels et avant tout pensé pour n’exclure personne. Regroupant une cinquantaine de participants entre 20 et 73 ans, l’ensemble se réunit tous les mercredis dans le Forum des Arts du Laü et se produit régulièrement en concert. Nul besoin d’être un Mozart en herbe pour rejoindre « les Chamois » seule compte l’envie et surtout le désir, de se retrouver pour goûter en groupe au plaisir de la musique et de la scène.
José n’a que 20 ans lorsque lui vient l’idée de ce qui deviendra « l’atelier musical des Chamois ». « A 18 ans je cherchais un moyen d’occuper mes week-ends où je m’ennuyais souvent. J’ai rejoint un ami, sur ses conseils, au sein des Chamois Pyrénéens, une association qui propose des séjours et animations de loisirs aux déficients mentaux. Lors d’un concert où nous avions amené nos jeunes, ces derniers avaient essayé de monter sur scène pendant la représentation et s’était vus gentiment éconduire par leurs tuteurs et animateurs. C’est en partant de cette observation que j’ai imaginé un atelier de musique pensé pour ce public, où il pourrait non seulement goûter au plaisir de la musique en groupe, mais aussi à celui de la scène. Je n’avais cependant pas idée de l’envergure que prendrait cette initiative, je n’imaginais pas une telle suite, confie-t-il en riant ! ».
Si aucun de critère de technicité n’est demandé aux participants, l’activité ne doit cependant pas être appréhendée comme un prétexte pour sortir ces personnes des foyers où elles résident et sont pris en charge. « notre moteur, c’est le plaisir », rappelle José. L’atelier demande un investissement régulier (hebdomadaire), les participants doivent donc en avoir envie tout simplement. Certains ne sont pas capables de tenir un instrument ou une musique, mais à partir du moment où ils ont envie d’être là, ils ont leur place sur scène, même s’ils ne feront qu’agiter les mains en même temps que moi. « Certains participants sont des « vétérans » de l’orchestre, tandis que d’autres ont été fraîchement recrutés, certains ont de réelles aptitudes à la musique tandis que d’autres ne jouent pas en rythme du tout, mais tous prennent plaisir à se retrouver sur scène et à ressentir les mélodies qu’ils produisent. Mais cela reste un défi que de faire sonner tous ces éléments correctement. Car le résultat est tout simplement bluffant de justesse. »
Pour rendre accessible le travail en répétition, José a travaillé des approches adaptées à ce public, qu’il a affinées au fil des ans. L’idée est de découper les morceaux en petites unités musicales travaillées séparément. « C’est un « patchwork » que l’on relie à la fin et qui fait sens pour les participants. Nous travaillons à « l’oreille » et choisissons un répertoire où les percussions sont présentes, car ce corps d’orchestre est très accessible. On se sert aussi des tambourins pour couvrir le son de ceux qui ont le plus de mal à tenir un rythme. « Les participants suivent mes mimes : grossièrement il y a quatre positions de mes mains qui correspondent à une indication, c’est un code avec lequel ils se sont familiarisés et qu’ils peuvent suivre aisément d’un morceau à l’autre. »
Bien qu’il n’ait pas une visée thérapeutique ou éducative à proprement parler, l’atelier de musique est un formidable vecteur d’épanouissement social et personnel pour ses participants. Les représentations publiques ne sont que la partie émergée de l’iceberg, en coulisse c’est toute une vie de groupe qui se met en place tous les mercredis et qui soude le groupe dans une ambiance chaleureuse. « Ces temps de préparation technique (installation des câbles et micros, de la salle, mise en route de la sono, etc) apporte beaucoup de fierté aux participants, c’est aussi un moyen de combattre le trac avant un concert, explique José. Cette vie de groupe est finalement le pilier de notre action, c’est ce qui apporte le plus aux participants. Le public qui se rend au concert voit le résultat auquel nous parvenons mais nous, les animateurs, sommes témoins des progrès réguliers que font les participants. Parmis eux, il ya une autiste renfermée sur elle. Quand elle arrive elle regarde ses pieds, mais dès qu’elle monte sur scène ou commence à participer, son regard se porte au loin et elle sourit. C’est le genre de détail qui en dit long sur ce qu’apporte cet atelier et c’est pour ça que je prends toujours autant de plaisir à l’animer et à partager cette relation, que ce soit avec les musiciens professionnels qui nous accompagnent ou avec les participants proprement dit. »
Le prochain concert des CHAMOIS PYRENEENS aura lieu à Oloron, le 20 mai prochain dans la salle PALAS. Il ne tient qu’à vous de découvrir la magie dont sont capables les membres de l’atelier. A vos agendas !