Djelisso: cap sur la culture mandingue !
Actualité publiée
le 24 mars 2021
Au laü, Djelisso propose l’apprentissage des rythmes et percussions mandingues, mais il serait bien réducteur de cantonner l’activité à cette seule pratique tant cette dernière se fait en réalité une porte d’entrée sur la culture mandingue dans toute sa richesse. Ainsi que le rappelle leur projet associatif : « L’association a pour objet la promotion de la culture africaine (Guinée, Burkina Faso, Mali, Cote d’Ivoire, Sénégal …), de sa musique, sa danse, sa gastronomie et son artisanat. Ceci par l’organisation de stages de cours de danse et de percussions, de spectacles, concerts, repas et vente d’artisanat. L’association peut faire venir, pour des cours, des stages et des concerts, des artistes danseurs, chanteurs et musiciens africains ; cela pour favoriser la connaissance de l’Afrique et de son milieu culturel et artistique, que ce soit la musique, la littérature, le cinéma, la danse ou le chant. Fatou, danseuse émérite et fondatrice de l’association s’est associée avec Yoko qui enseigne les percussions pour donner à découvrir cette culture dans son essence.
« Ce qu’il faut comprendre, c’est que la musique mandingue c’est d’abord un ensemble de percussions, chants, danses qui revêt un aspect sacré et omniprésent dans la civilisation d’Afrique de l’Ouest. La musique accompagne, avec une dimension rituelle marquée, tous les moments de la vie : mariage, décès, mais aussi travaux des champs ou fêtes traditionnelles du calendrier » explique Yoko qui enseigne les percussions au sein de Djelisso.
« Les Mandingues sont un peuple d’Afrique de l’Ouest originaire du territoire occupé par l’actuel Mali. Ils vivent essentiellement au Sénégal, au Mali, en Côte d’Ivoire, en Gambie, en Guinée, en Guinée-Bissau, au Burkina Faso et en Mauritanie. Les Mandingues font partie des peuples du Mandé (Région historique de l’Afrique de l’Ouest sahélienne) peut-on lire sur le site « minndiarabi.org ». Forts d’une longue tradition orale, c’est par la musique, la danse et le chant que se transmettent l’Histoire et la tradition dans ces pays. Raison pour laquelle Djelisso appréhende les cours de percussions comme une porte d’entrée sur la culture et la tradition mandingue dans son ensemble.
« C’est une longue tradition ancestrale qui force le respect confie Yoko, tombé amoureux des percussions et par extension des arts et de la culture mandingue dans sa jeunesse. Lorsque nous jouons des percussions avec les élèves de Djelisso, nous faisons plus que nous adonner à un loisir, nous représentons quelque chose, nous portons un héritage. Cette dimension est très importante, une richesse que nous transmettons. C’est pourquoi nous passons du temps dans les cours à expliquer le sens des rythmes, leur signification, les symboles auxquels ils renvoient. Les cours de percussions sont accompagnés de danseurs et de chants, c’est un ensemble indissociable dont il est important de comprendre les codes, afin de vivre cette musique dans son jus. »
« La musique mandingue doit être appréhendée comme un langage, avec ses mots, ses phrases ». Une syntaxe musicale et rythmique dont Yoko s’évertue à expliquer les subtilités et le sens dans ses cours. « Pour souligner par exemple un manque de précision dans le rythme, je dis souvent aux élèves percussionnistes que je ne les comprends pas. Les instruments se répondent entre eux, tout comme avec les danseurs ou les chants, et il est important de bien saisir cette dynamique pour appréhender correctement les arts mandingues. Les musiciens communiquent continuellement entre eux, par le rythme bien-sûr mais aussi le regard. Lorsqu’on chante ou parle en même temps que l’on joue des percussions, il faut séparer ces deux lignes de langages, tout en les liant entre elles, c’est un vrai défi.
Parmi les instruments les plus utilisés figurent le djembé, le n’goni, la kora, le doun-doun et le balafon, des instruments qui se déclinent eux-mêmes en plusieurs versions. Le doun-doun par exemple, un gros tambour à double peaux peut être joué avec des baguettes « c’est la batterie africaine explique Yoko », ou en « version renversé avec 3 fûts. Selon l’endroit où vous vous rendez en Afrique, vous verrez différentes approches et façon de jouer avec ces instruments, autant de manière de raconter l’histoire d’un peuple, d’une terre, d’une culture. C’est une erreur commune que de concevoir l’Afrique comme un seul pays avec une même tradition, là où il s’agit en réalité d’un continent riche d’une histoire complexe et d’une grande diversité de peuples, de cultures et d’histoires différentes. »
C’est bien cette richesse culturelle que Djelisso entend faire découvrir à ses musiciens, en mettant en lumière la culture mandingue et sa diversité d’expressions. A l’image de Yoko qui se rendit sur les terres génitrices de cette culture qui le passionne, Djelisso organise des voyages afin de découvrir cette musique « dans son jus », comme l’explique le professeur. « Adolescent, j’étais un peu glandeur, se souvient, amusé, Yoko. Nous nous réunissions souvent avec mes amis du Gers, où j’ai grandi, au bord d’un lac pour passer du bon temps. C’est là que j’ai entendu les premiers sons du djembé, dont j’ai très vite essayé de jouer, d’abord en dilettante puis en véritable passionné ». Au cours de ce long apprentissage des arts de la percussion, Yoko a pu rencontrer des mentors et références de la discipline. « J’ai eu la chance et le privilège de pouvoir me former auprès de Soungalo Koulibaly, un grand maître des percussions mandingues, qui s’est fait connaître en Afrique mais aussi dans le monde entier grâce à sa musicalité remarquable et sa capacité à s’adapter à toutes sortes de styles différents. Des qualités qui lui ont permis de se faire connaître en Europe où il s’est produit de nombreuses fois avec son groupe. Il m’a transmis son amour du Djembé et je suis très fier de l’avoir eu comme mentor. » Une passion qui pousse Yoko à voyager vers les terres mandingues pour y découvrir la musique qui l’anime dans son cadre authentique. Je voyageais au départ pour me former moi-même, en rendant visite aux musiciens locaux et en participant à leur prestation, je voulais voir le djembé au-delà du simple instrument, dans son cadre d’origine. Mais j’ai très vite proposé aux élèves d’embarquer également dans ces voyages. » Une initiative qui a beaucoup plu ainsi qu’en témoigne le percussionniste : « certains des participants sont carrément restés à destination, séduits par le lieux et sa culture. J’en suis très ému, cela me plaît énormément de partager ainsi une passion. Et puis avec le voyage, on dépasse les seuls liens tissés par la pratique musicale, c’est l’aspect humain qui ressort. Un partage d’expérience, où l’on découvre ensemble un autre art de vivre qui rapproche énormément, on devient une famille. »
C’est « Fatou », « une danseuse vraiment exceptionnelle » ainsi qu’en témoigne Yoko, qui a proposé à ce dernier de rejoindre « Djelisso » (qui signifie « la bonne étoile»), alors qu’il habitait encore dans le Gers. « Les percussionnistes forment un petit monde où à force de se croiser dans des concerts et soirées, tout le monde se connaît. Fatou cherchait des musiciens pour accompagner ses danseuses et elle-même ; j’ai été ravi de pouvoir remplir ce rôle. Comme je l’expliquais, danse et percussion sont intimement liés dans la musique mandingue, les filles dansent sur le doun-doun par exemple, c’est un instrument qui les porte et les fait danser, là aussi il y a un véritable dialogue qui s’instaure, et c’est magnifique à découvrir. »
Les cours de percussions sont ouverts à tous quelque soit le niveau. « L’idée est vraiment de travailler ensemble, avec un fort esprit de groupe. C’est une dynamique collective, on joue ensemble. C’est un esprit très familial et bienveillant qui règne, chacun a sa place dans cet ensemble et il est vraiment intéressant de mêler les percussions, le chant, la danse et ses costumes traditionnels comme le veut la tradition, car on produit un résultat riche de cette pluralité. » Accompagnant ces cours collectifs, Djelisso organise également des stages adaptés à un niveau en particulier, pour travailler plus avant un aspect précis de cette discipline. »
Pour plus de renseignement sur les cours de percussions avec Djelisso, vous pouvez appeler leurs animateurs aux 06 26 50 35 43