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ASSOCIATION DANSITE : transversalement vôtre

Créée en 1981, l’association Dansité fait partie des activités pionnières du Laü, mais aussi de la scène artistique et associative paloise où elle fait figure de précurseur dans le domaine de la danse contemporaine. Fondée et toujours animée par « un trio de trois copines, qui a traversé le temps », ainsi que s’en amuse Thérèse, l’une des comparses du groupe avec Marie-Jo et Martine, l’association a pour principale visée la promotion de la danse contemporaine, trop souvent perçue comme élitiste ou inaccessible par le grand public.

Bien avant la création de la scène « espaces pluriels » (théâtre de Saragosse) qui propose beaucoup de spectacles aussi variés que qualitatifs dédiés au répertoire contemporain, Dansité travaillait déjà à la démocratisation de ce dernier, notamment en conviant des artistes de renommée internationale dans le cadre de performances, mais aussi de stages et autres ateliers, avant tout pensés dans une perspective d’ouverture et d’accessibilité au plus grand nombre. Ouverts à toutes et à tous, les stages réguliers et ateliers hebdomadaires de l’association proposent à leurs participants d’expérimenter la danse contemporaine selon des approches aussi originales qu’ « authentiques » dans leur forme : nul prérequis technique n’est ici requis, l’exigence repose sur l’envie et l’engagement auprès de soi et des autres.

Expérimenter la danse contemporaine 

 « Au commencement, Dansité c’est un groupe de copines qui décident d’aborder ensemble et surtout librement la danse contemporaine », confie Marie-Jo l’une des pionnières de l’activité, avec l’idée de s’affranchir de tout académisme : « On voulait proposer une approche différente, partir des ressentis de chacun, de ce que l’on éprouve, des sensations, des émotions, de la perception de notre corps et de l’espace… L’idée était aussi de démocratiser ce répertoire de danse sur Pau, dès les débuts de l’association. De ces volontés plurielles naissent plusieurs projets audacieux, s’inspirant les uns des autres et ouvrant les perspectives… »

 Dansité convie sur la scène paloise  des danseurs contemporains de renommée internationale, à l’image d’Elsa Wolliaston, une pionnière de la danse contemporaine africaine dans toute l’Europe, Susan Buirge, artiste américaine et figure de proue du mouvement contemporain sur la scène Française, ou encore de Min Tanaka, qui dès les années 80 se posait en précurseur en proposant des chorégraphies aussi personnelles que subversives, a fortiori à cette époque. A partir d’une réappropriation de mouvements issus de l’ensemble des arts martiaux et du « Buto », l’artiste de génie inventait un véritable langage corporel qui marqua l’ensemble de la scène contemporaine. Appelé « Météorologie du corps », cette pratique corporelle nourrit encore aujourd’hui les ateliers du jeudi proposés par Dansité.

Des artistes profondément engagés dans leur art donc, à qui les militantes de l’association proposent d’animer stages et ateliers de danses, ouverts au plus grand nombre. Une façon de désacraliser la culture, mais surtout de proposer des passerelles créatives inédites. « Les artistes partageaient notre vision, ils voulaient aussi transmettre leur passion autrement qu’à travers des spectacles, aller plus loin, explique Marie-Jo. Ces stages étaient et sont toujours ouverts à tous les amateurs, dans le sens le plus large, c’est-à-dire à tous ceux qui aiment la danse. Aucun niveau n’est exigé pour embarquer dans l’aventure, seule compte l’envie ! ».

« Dansité, c’est aussi la recherche d’une transversalité, renchérit Thérèse, qui se donne à voir à plusieurs niveau, à commencer par ces liens de continuité entre performances, stages et ateliers. Nous avons toujours gardé la même méthodologie dans nos ateliers, enrichie par les apports des chorégraphes qui ont animé des stages en partant de cette même vision. Partir des élèves plutôt que d’un professeur délivrant un savoir qu’il faudrait reproduire, atteindre. L’idée est de sortir des carcans académiques d’apprentissage, notamment ce rapport vertical entre un professeur et des élèves, ce qui ne veut pas pour autant dire que les séances sont dépourvues de toute méthodologie pédagogique, bien au contraire. Simplement, on part donc des participants eux-mêmes, de ce qu’ils ressentent, de ce qu’ils expriment, le plus librement possible, et des échos que trouve leur sensibilité chez les autres de ce qu’elle éveille alors… c’est ce matériau là que l’on met en forme, une autre forme d’expression transversale, où chacun apprend des autres et aux autres, dans un rapport bien plus horizontal qu’un cours plus « classique ».

Aujourd’hui encore, les ateliers « météorologie du corps », se déroulant chaque jeudi au Laü, suivent cette méthode tout en reprenant des approches et outils pédagogiques légués par Tanaka Min et d’autres artistes lors de leur participation à ces ateliers. « Pour permettre à chacun d’être à l’écoute, de soi-même, de son corps, de ses émotions, nous suivons des exercices, par exemple fondée sur une contrainte, comme avoir les yeux bandés, nous explique Marie-Jo. Se priver d’un sens met en exergue tous les autres… Cela permet aussi de gagner ou renforcer sa confiance en soi et en envers le groupe. Et on se met en mouvement. Le but, de permettre d’exprimer pleinement, de libérer son expression corporelle, d’être à l’écoute de sa propre sensibilité, ça relève de l’intime ce rapport à soi, et c’est magnifique quand il se donne à voir, se met en branle, avec vivacité ou fragilité ou les deux à la fois. Tout est fait pour éveiller la conscience de soi en somme, de son corps bien sûr jusque dans ses os, des sensations qui parcourent la peau, et des émotions profondes que l’on exprime le plus spontanément possible. Via des exercices de respiration, des étirements, de travail en binôme, où l’on exerce des pressions sur le corps, où l’on se décontracte, on l’on use de sa musculature profonde ou des articulations de son squelette, le corps n’est plus que cet outil qui nous transporte au quotidien, mais une porte vers autre chose, de profondément authentique ». 

« C’est plus que de la danse » selon Thérèse. « Cela comprend du théâtre, voire de la performance, et les spectacles de fin d’année ou de stages que nous proposons mettent à contributions des artistes plasticiens, voire des sculpteurs… Nous avons toujours recherché cette transversalité, qu’elle soit artistique, pédagogique, ou humaine ».

Projet Dansité Inter générations, 3ème Volet

 « Nous allons par le geste et le mouvement faire naître un langage créatif, conter, transmettre, faire vivre ou revivre nos danses et leur donner une trace. » C’est en ces mots que se présente le 3ème volet du projet « Inter générations » initié il y a trois ans par Dansité. Reprenant largement dans sa conception l’ADN de l’association, ce projet est né suite à une initiative du Laü, où nous proposions à diverses associations de danses de monter, à l’occasion des spectacles de fin d’année, un évènement scénique en commun, donnant à voir la multitude de danses qui enrichissent notre paysage associatif.

« A cette occasion, se souvient Thérèse, enfants et adultes, danseurs débutants et confirmés, et influences artistique du monde entier s’étaient retrouvés au même moment sur les planche. Un spectacle riche de sa diversité qui correspondait parfaitement aux valeurs qui animent Dansité depuis ses débuts, et que nous avons voulu prolonger avec ce projet « Inter générations », en reprenant tous les éléments sur lesquels se fonde notre association.

L’idée est de solliciter des chorégraphes professionnels, ici deux Toulousains Antonia Pons Capo et Ulrich Funke (déjà présents lors des précédentes éditions) pour animer différents stages et ateliers et ainsi, en se fondant bien entendu sur la démarche artistique de Dansité, produire une chorégraphie collective, authentique et spontanée en vue d’un grand spectacle final.

La particularité du projet repose sur la large fourchette d’âge des participants, ici de 7 à 77 ans (et plus !) et la grande diversité du groupe

Le Paradis, c’est les autres
 

L’un des principaux atouts de Dansité repose d’abord sur les participants eux-mêmes. Parce qu’ils s’inspirent les uns les autres et sont riches de leur différence d’âge, de sexe, de profession, ou encore de provenance géographique ou sociale, ce qui se donne particulièrement à voir au sein du projet Inter générations. « C’est un groupe très métissé, observe Marie-Jo, qui, de par son travail collectif fondé sur les singularités de chacun, a appris à cultiver le plaisir de l’autre, d’être à l’autre. » Car c’est bien cette notion de plaisir qui alimente le moteur du groupe. Des « amateurs » qui ont appris à cultiver ce plaisir de produire quelque chose d’inattendu, d’imprévisible, comme l’est le fruit de tout métissage. Les professeurs ne sont pas là pour diriger une troupe à la manière d’un chorégraphe cherchant à mettre en mouvement une idée précise qu’il a en tête. Il s’agit bien plus d’animer un groupe afin de permettre à chacun de s’exprimer pleinement. Les consignes sont précises, les cours très travaillés en amont, mais cela se traduit par de la recherche, par des exercices ou des mini ateliers conçus pour permettre à chacun et au groupe d’explorer les possibles, de susciter les interactions, de créer des ponts en somme, de soi à soi, de soi à l’autre. Les professeurs sont perçus comme des accoucheurs, qui accompagnent le groupe dans sa gestation artistique.

 « Cela crée des liens très fort entre les adhérents renchérit Thérèse. Si l’on travaille la conscience de son propre corps et l’écoute de ses émotions, l’expression de ce tout que l’on met en mouvement est le résultat d’échos que chacun renvoie et reçoit aux autres et des autres, c’est ce qui en fait sa préciosité mais surtout son authenticité. Lors des ateliers, on cultive la spontanéité de l’expression de chacun, c’est ça que l’on recherche, mais cette spontanéité se nourrit elle-même de celle des autres et c’est là que surgit cet imprévisible ! » En résulte un groupe extrêmement soudé, dans un rapport de profonde affection et de bienveillance. C’est groupe relativement réduit, une douzaine de personne, mais qui, hormis de rares cas pour raisons personnelles, renouvellent leurs engagement d’une année sur l’autre, ce qui montre bien la forte solidarité qui nous lie toutes et tous ». « Les  deux ou trois nouveaux qui nous rejoignent chaque année le ressentent immédiatement constate Marie-Jo, ce qui les met d’emblée à l’aise pour s’exprimer. Encore une fois, il n’y a aucune notion de compétition dans le groupe, personne n’a peur de ne pas être à la hauteur ou même du regard des autres ! L’exigence est bien là mais elle repose sur l’engagement auprès de soi et des autres, surtout pas sur la technique. C’est un travail collectif, en équipe, où le but est de créer ensemble une chorégraphie, une performance fondée sur ce plaisir, respirant l’authenticité ! C’est d’ailleurs presque mieux d’être nouveau ! On arrive comme une page blanche où tout peut être écrit ! »

« C’est là que les enfants apportent beaucoup précise Thérèse ! De par leur spontanéité naturelle, les enfants n’ont pas de « retenue », ils se fichent du regard des autres, et n’éprouvent pas de gêne pour exprimer leurs émotions, ce qui apporte une fraîcheur à tout le groupe, dont chacun s’inspire pour libérer son propre enfant intérieur ». « Il ne faut cependant pas confondre spontanéité et grand n’importe quoi rappelle Marie-Jo. Le spectacle final n’est pas une juxtaposition de mouvement hasardeux, improvisés sur le moment, il résulte d’un long travail de gestation ».

Forts de leur riche expérience et carrière de danseur et chorégraphe, les deux professionnels toulousains travaillent à partir de la méthode Alexander. Conçue en premier lieu pour prévenir les blessures et séquelles typiques des danseurs professionnels, cette pédagogie est ici adaptée au projet, dans le but d’éveiller à la sensation, au mouvement, à la traduction corporelle des émotions. Il y a donc un réel travail suivi, articulé le long des différents weekends de préparation. Un processus de longue haleine dont le résultat est imprévu, mais la route balisée. « Les chorégraphes accompagnent le groupe dans cette gestation, ce sont des accoucheurs d’imaginaires et d’émotions. On part de quelque chose de très spontané pour parvenir à un résultat toujours surprenant, par nature imprévisible mais profondément authentique et peaufiné, poli, aiguisé » précise Thérèse.

Il ne tient qu’à vous de franchir le pas et rejoindre ce projet. « Combien de personne ont envie de faire de la danse mais se disent que ce n’est pas pour elles ! déplore Marie-Jo. Elles se disent « je n’ai pas la condition physique, je n’y connais rien, je ne vais pas pouvoir suivre les autres, je suis trop vieux, trop jeune, trop je ne sais quoi… ». Mais tout le ruban pédagogique du projet, conçu par Dansité et les chorégraphes qui nous accompagnent est précisément pensé pour les néophytes ! Ce n’est pas une performance technique qui est ici attendue, mais un engagement dans le plaisir de la création collective et individuelle. L’idée est de lâcher prise, de s’abandonner, de mettre à jour puis en mouvement, en expression, les trésors enfouis au plus profond de chacun de nous. Ceux qui s’investissent et rejoignent notre barque créative sont toujours surpris de ce qu’ils parviennent à produire tout au long de ce voyage. Ce sont des moments extrêmement puissants en émotions et en partage, on en ressort épanoui, grandi, on ouvre des portes dont on ne soupçonnait même pas l’existence, et on crée des liens très forts durant cette expérience. Il suffit de venir à la fin du spectacle, lors des adieux, l’émotion est palpable entre les participants et c’est le cœur gros qu’on se dit au revoir.

Retrouvez le projet Inter générations de Dansité sur :

Projet Dansé Inter générations, 3ème volet

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